Témoignage de Thomas - papa d'un fils gay
Quand j’ai appris l’homosexualité de mon fils, cela ne m’a pas posé de réel problème. En effet, mon fils semblait bien dans sa peau et serein. Je ne réalisais pas que la société n’était pas aussi sereine, malheureusement. Un client de ma librairie que j’estime me parle de mon fils et des filles qui doivent tourner autour de lui... Je lui répond que c’est plutôt les garçons qui tournent autour de mon fils. Mon client, un vieux soixante-huitard, me répond, tout gêné, qu’il ne voulait pas « entrer » dans son intimité... Le sexe avec les filles c’est OK mais avec les garçons c’est tabou...
Au début je me suis quand même posé la question de comment le dire car je ne voulais pas le «crier sur les toits » mais face à la réaction de silence en général, je me suis dit qu’il fallait absolument en parler dès que l’occasion s’y prêtait. Mon plus grand agacement a été de sentir les non-dits vis-à-vis de l’homosexualité, j’avais envie d’être visible comme parent, de parler librement et le plus naturellement possible d’homosexualité à mon entourage, autour de moi dans la société. J’ai aussi assisté au rejet que pouvait vivre certains amis de mon fils de la part de leurs parents.
Puis, j’ai subi, comme beaucoup, la violence des débats autour du mariage pour tous, ce qui n’a fait que renforcer mon envie de visibilité la plus large possible. Plus je parlerai de l’homosexualité autour de moi, plus ma parole sera présente et plus encore je ferai reculer les non-dits, les peurs de certains parents et le rejet de certaines familles. C’est pour cela que je participe au plus grand nombre de manifestations, de défilés, d’interviews filmées et que je porte un badge : « Stop à l’homophobie » sur ma veste.
Mon coming out de parent a changé ma vie car j'en avais pas vraiment l’âme d’un militant ni l’aisance dans la parole publique ou militante et je dois me forcer et me surpasser pour sortir de ma coquille certaines fois. Mais quand j’entends l’énergie déployée par certains bénévoles de l’association pour se faire accepter ne serait-ce que par leur famille, leur entourage et la souffrance de beaucoup, je me dis que la bataille est utile pour rendre meilleure et plus douce leur vie et cela me fait du bien. Je pars prochainement en Suède et j’ai déjà contacté une association (Stolta Föräldrar = parents fiers) afin d’échanger avec eux sur nos expériences respectives et malgré l’avancement des droits LGBT en Suède, la société suédoise a encore du chemin à parcourir pour l’acception des différentes orientations sexuelles. Cette prise de contact dans le pays de mon enfance n’a été possible que grâce à cette prise de conscience d’une nécessaire visibilité de ma part et de CONTACT.
Oui, il faut en parler et cela me fait du bien car je veux briser le tabou. Je sais qu’il faut du temps pour certaines personnes et je l’accepte mais je n’accepte pas que mon fils ne fasse plus partie de la conversation. Je veux continuer à parler de la vie de mon fils homo avec le même naturel que pour mon fils hétéro jusqu’à ce que la gêne ne soit plus présente et surtout que les questions deviennent les mêmes en ce qui concerne leur vie à tous les deux. Je veux juste être un papa fier de ses enfants.
Thomas, CONTACT Paris - Île-de-France