Témoignage de Marie-Françoise - maman d'un fils gay
Nous avons trois garçons adultes aujourd’hui. À la naissance de notre troisième fils, j’ai fait une dépression post-partum car je désirai depuis toujours avoir une fille.
Puis, nos enfants ont grandi. Notre second semblait de plus en plus se rapprocher des petites filles avec lesquelles il aimait jouer, même si il avait des amis garçons. L’idée m’est alors venu qu’il pouvait être homosexuel. Son enseignant auquel j’avais confié mes interrogations pensait que c’était plutôt dû au fait qu’il n’avait pas de sœur. Mais cette idée me restait en tête.
Les années collège, lycée passèrent… Franck, à part un ami qui s’est avéré ensuite être homosexuel, avait de plus en plus d’amies. Quant à sa vie amoureuse, il avait de temps en temps un flirt mais cela n’était pas sa préoccupation. Après le bac, il fut très absorbé par ses classes préparatoires et disait vouloir s’occuper plus tard de sa vie sentimentale. Durant cette période, il connut une belle histoire d’amour hétérosexuelle.
A son entrée à l’école vétérinaire, il exprimait une joie de vivre encore plus intense que d’habitude. Je mettais ça sur le compte de sa réussite scolaire. Mais il me lançait des réflexions, me faisant comprendre qu’il n’avait plus le projet de fonder une famille, chose qui lui tenait à cœur. Il amena un copain à la maison, ce qui n’était pas dans son habitude. Ce copain dormait dans sa chambre et pas dans la chambre d’amis… J’ai eu tout de suite la crainte de ce qui se passait.
Quelques jours plus tard, nous étions en tête à tête et je lui demandais si il ne voulait pas me dire quelque chose. Le mot « homosexuel » n’a pas été prononcé mais il s’est mis à pleurer en disant qu’il aurait aimé être différent et surtout comme tout le monde. J’ai pleuré à mon tour et je l’ai pris dans mes bras en lui souhaitant une belle vie. Il en a parlé immédiatement à ses frères. L’aîné s’en doutait et cela ne lui a posé aucun problème, le plus jeune a été plus mal à l’aise. J’ai mis mon mari au courant, sachant qu’il avait tendance à avoir des réactions homophobes. L’annonce fut douloureuse mais il s’est ressaisi rapidement. Malgré le choc (lui n’y avait jamais pensé) et sur mon conseil, il est allé trouver Franck. Il l’a pris dans ses bras et lui a dit que cela ne changeait rien à l’amour qu’il lui portait.
Les jours suivants ont été très durs. Nous culpabilisions énormément. J’avais dans les années 1975 effectué une année de psychologie, et je restais avec cette idée période où l’homosexualité était classée comme perversion et due à un couple de parents formé d’une mère castratrice et dominante, et d’un père en retrait.
Nous étions d’autant plus fragilisés que notre fils aîné avait eu 4 ans auparavant un problème de santé qui l’avait laissé handicapé moteur. Nous remontions à peine la pente. Franck nous en voulait de notre peine.
Rapidement j’ai cherché de l’aide sur internet. J’ai téléphoné à CONTACT, nous avons tout de suite été soutenus par le psychologue de l’association et un parent. Je suis allée régulièrement aux Groupes d'Écoute et de Parole où j’ai toujours trouvé une chaleur humaine et un partage d’expériences qui m’ont particulièrement aidé à cheminer.
Notre fils a eu plusieurs histoires d’amour. Il nous a toujours présenté ses amis que nous avons accueillis, nous et nos familles respectives. Franck a eu besoin de prendre un appartement pour s’éloigner un peu de nous et prendre son indépendance.
Aujourd’hui tout va bien. L’homosexualité de Franck n’est plus un sujet de culpabilité pour nous. Je peux à mon tour m’investir dans l’association CONTACT, et ainsi aider à mon tour.
Marie-Françoise, CONTACT Haute-Garonne